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Faisons bloc pour l’avenir de nos falaises. Donnez du poids à cet appel

Faisons bloc pour l’avenir de nos falaises. Donnez du poids à cet appel

L’escalade sur les sites naturels d’escalade (SNE) équipés, telle que nous la connaissons, est menacée dans les années à venir en France si nous ne nous mobilisons pas massivement pour faire évoluer les choses.


L’escalade sur les sites naturels d’escalade (SNE) équipés, telle que nous la connaissons, est menacée dans les années à venir en France si nous ne nous mobilisons pas massivement pour faire évoluer les choses.
Deux lourdes menaces pèsent actuellement sur l’activité:
- La première est d’ordre réglementaire (et donc propre au cadre français)
- La seconde d’ordre financier (en lien avec le vieillissement des équipements) ; elles sont de fait en partie liées.

La question du conventionnement.
Quand vous grimpez en extérieur, vous êtes quasiment toujours sur un terrain privé. S’il vous arrive un accident, le droit français actuel fait que c’est le propriétaire de la parcelle sur laquelle vous vous blessez qui pourra en être tenu responsable et donc devoir vous dédommager. Le dit propriétaire n’est au pire pas forcément au courant de l’équipement de sa falaise, ou, au mieux, n’a généralement rien demandé. La parade qui avait été trouvée pour décharger les propriétaires de site d’escalade de cette responsabilité était qu’un organisme (généralement la FFME, actuellement fédération délégataire auprès du ministère pour l’escalade) pouvait « conventionner » le site avec ces propriétaires pour se porter garant de la chose à leur place… et donc éventuellement assumer la responsabilité des accidents.

Ce système fonctionnait (ou ne dysfonctionnait pas) jusqu’à l’accident de Vingrau (2010), où la FFME s’est vu sommée en 2016 d’indemniser à hauteur de 1,2 million d’euros les victimes (pourtant expertes dans le domaine de l’escalade) suite à la rupture – peu prévisible – d’une écaille. La FFME a alors pris conscience qu’elle ne pouvait pas assumer financièrement un tel risque, avec ses 100 000 licenciés pour 1 million de grimpeurs en France, dans un contexte de recherche croissante de responsabilité (souvent à l’initiative des assurances).
La FFME est ainsi en train de s’engager dans une politique de déconventionnement massive. Un article très complet sur le site web de Greenspit détaille cette problématique.
Suite à cette jurisprudence et aux déconventionnements qui vont en découler, la conséquence est que, demain, tous les propriétaires interdiront la pratique de l’escalade sur leur parcelle pour ne pas avoir à assumer ce risque financier.

La question de la maintenance des sites.
Les sites d’escalade (et les grandes voies d’escalade) ont été équipés en masse depuis les années 1990, avec du matériel ou des matériaux pas toujours des plus adaptés (qualité des alliages, pose des points, …) pour tenir dans le temps. Dans les années à venir, nombre de ces équipements auront dépassé leur « date de péremption » ; un rééquipement massif de ces voies est ainsi à prévoir pour continuer à les pratiquer en toute sérénité. Un mur de financement est en train de se dresser devant les gestionnaires des sites équipés, pour financer le matériel et sa pose. Le modèle actuel de financement de l’équipement et de la maintenance des sites, en partie basé par la vente des topos papiers, ne suffira sûrement pas dans les années à venir face à cette augmentation des besoins financiers¹.

Il va ainsi falloir trouver de nouvelles sources de financement dans les prochaines années pour gérer cette maintenance : matériel, équipement, discussions avec les propriétaires dans ce contexte de conventionnement bringuebalant, voire, en étant pessimiste, pour professionnaliser cette maintenance selon les obligations de moyens ou de résultats qui pourraient être demandées pour laisser des sites ouverts.
Suite à cette jurisprudence et aux déconventionnements qui vont en découler, la conséquence est que, demain, tous les propriétaires interdiront la pratique de l’escalade sur leur parcelle pour ne pas avoir à assumer ce risque financier lié à la responsabilité d’une activité qu’ils n’ont le plus souvent pas sollicitée sur leur terrain.
Qui plus est, le vieillissement des équipements posés en masse il y a plusieurs années, potentiellement source d’accident à venir, n’ira pas dans le sens de rassurer ces propriétaires et de permettre le maintien de l’ouverture au public.

Nous alertons ainsi la communauté grimpante et l’invitons à se mobiliser fortement sur ces questions.
Cet appel vise à assainir la situation juridique des SNE, en faisant collectivement pression sur nos législateurs et en appuyant nos fédérations pour trouver une solution pertinente qui garantisse un libre accès dans le futur, sans faire peser de responsabilité sur le propriétaire des sites ou le gestionnaire (évolution du code du sport par exemple). C’est aux grimpeurs de se prendre en main et de se responsabiliser dans leur pratique (assurance, formation), par rapport au rocher ou à la qualité de l’équipement, que ce soit au travers de leurs fédérations ou d’autres structures (access funds, …).
Se regrouper et peser pour réinventer un modèle de financement des SNE permettant d’entretenir et de pérenniser nos sites, dans le respect de la diversité des pratiques de grimpe, afin de proposer des sites les plus sûrs possibles, ou tout du moins dont la qualité de l’équipement est clairement affichée.
Ce modèle de financement devra impliquer l’ensemble des personnes et structures intéressées par l’activité grimpe : les grimpeurs et leurs fédérations (FFME, FFCAM, …), les collectivités publiques qui misent sur le tourisme, les fabricants de matériel de grimpe, les professionnels de l’encadrement, les éditeurs de topoguide, ….
Là encore, il faut que tous ces acteurs se mobilisent et s’engagent pour défendre l’avenir de l’activité.
Faisons bloc pour l’avenir de nos falaises. Donnez du poids à cet appel, signez-le et faite le signer, discutez en autour de vous au pied des falaises, dans les salles, dans vos clubs, sur les forums et les réseaux sociaux.

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¹ qui plus-est dans un contexte inéluctable de développement du numérique face au papier (facilitation de l’échange – illégal – de scans, développement de topos en ligne, de sites communautaires, …) mais aussi de concurrence des topos étrangers (rockfax, Jingo Wobbly, …) de bonnes factures sur les sites français.