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lundi 07 décembre 2015

Karakorum HC GTX (La Sportiva)

Un test de la catégorie :Chaussures alpinisme et randonnées
Karakorum HC GTX (La Sportiva)
Et voici le test de la Karakorum, une chaussure sortie en 2013 qui reprend les fondamentaux qui ont fait le succès de la marque La Sportiva. Je ne peux m'empêcher d'y voir une héritière de la Népal Trek, avec quelques évolutions dans les matériaux et surtout une membrane GTX pour combler le manque d'étanchéité qui était le point noir de la Trek. Si c'est bien le cas, j'attends  la Karakorum à la hauteur d'une chaussure capable de tout faire en montagne, à l'aise à la fois sur de larges sentiers tout comme dans les passages techniques des voies alpines déjà sérieuses. Sera-telle polyvalente, avec une tenue de pied et un maintien digne de ses héritières, et tout en confort et en protection de la cheville?Voyons le résultat de six mois de tests...

Les données fabricant

 
Une chaussure cuir, robuste, traditionnelle, parfaite pour l’alpinisme classique et les marches plus exigeantes où l’usage de crampons peut être requis.
La tige présente trois crochets pour une meilleure protection de la cheville et une plus grande stabilité de pied. Tige solide faite d’une seule pièce de cuir déperlant 2,8mm. La doublure Gore-Tex garantit la respirabilité et l’imperméabilité de la chaussure. Semelle Vibram avec Impact Brake System qui absorbe l’impact négatif au sol et permet à la chaussure de donner son maximum aussi bien en montée qu’en descente.

Tige: Cuir Idro-Perwanger 2,8mm + haut de tige tissu.
Doublure: Gore-Tex Performance Comfort.
Intersemelle: Nylon haute densité 8mm avec couche anti-torsion.
Semelle: Vibram avec Impact Brake System Trek.
Pointures: 38 - 48 (avec demi-pointures)
Poids: 1.730 g (la paire en 42)
 

La vidéo - Materiel outdoor


Le test

Poids: Sur ma balance, une paire de Karakorum en 44 avec semelles intérieures représentent 1980g, soit presque 100g de plus que la Népal Trek, et 990g la chaussure.

Un chaussant déjà un peu large qui ira le mieux aux pieds assez forts devant. Le chaussant représente pour moi une évolution de la marque qui commence, ou qui continue à s'éloigner de sa spécificité "pied fin - la Sportiva". On y trouvera pas mal de place devant, j'aurais tendance à dire que l'on est déjà au delà du chaussant standard. Est-ce pour correspondre à un plus grand nombre d'utilisateurs, ou y-a t-il également une volonté de moins contraindre l'avant du pied (au risque de perdre un peu en technicité)? 

Taille grand: prendre sa pointure de ville.

Prix constaté en décembre 2015: de 250 à 265€

 

Au fil des tests

Premiers tests dans les Pyrénées où je mets tout de suite la membrane à l'épreuve. En fuyant la canicule des Alpes qui ne m'incite pas à aller en montagne, je trouve les averses de pluie fine sur le versant français de l'Ariège. Des sommets en rando+ et le longues descentes sous ce genre de pluie sont déjà de bons essais pour goûter du confort général et de l'accroche de la semelle sur du granite mouillé.

Tout s'est bien passé durant ce séjour; la Karakorum assume l'impression que l'on peut avoir en la regardant: une chaussure sérieuse, avec une tenue de cheville dans le registre de celle de la Népal Trek, c'est à dire exceptionnelle. La semelle s'est bien comportée sur un sentier raide et parfois piégeux. Les tests ont eu lieu avec des chaussettes fines, chaleur oblige, et sans aucun frottement!... Pas mal pour une polyvalente qui permettra une utilisation en ambiance beaucoup plus fraîche. 

Belle sortie à la mi-octobre sur les parcours exigeants et escarpés des Alpes de Haute Provence. La chaussure est faite pour ces terrains exigeants, non classés en alpinisme (quoi que coté PD sur Camp to Camp) mais qui y ressemblent beaucoup. Une face nord givrée à gérer sans matériel spécifique nous a obligé à emprunter un couloir où la rigidité de la Karakorum s'est avérée salutaire sur une neige dure à travailler sans crampons (photo ci-contre).
J'ai été à l'aise en bataillant de la pointe et j'ai trouvé la tige très rassurante dans ce genre d'engagement. Un long parcours d'arête aérienne avec quelques équilibres m'a permis de jauger du déroulé de pied sur des lauzes parfois délitées, ainsi que de l'accroche de la semelle sur un terrain ne pardonnant pas l'erreur. Un gigantesque pierrier pour la descente a mis les semelles à l'épreuve. Deux cours d'eau à traverser, où j'y suis allé franchement "à gué" pour éprouver l'étanchéité. Un retour sous la pluie et dans la gadoue de ce mois d'octobre ont complétés cette petite épreuve, sans mettre la chaussure en défaut. 

Mi novembre: trois sommets en Dévoluy, test en pentes caillouteuses, escalades en gradins calcaires et descentes prononcées en pentes herbeuses; le tout pour un ressenti d'une chaussure taillée (pour le moins) pour les treks engagés.

Fin novembre: une boucle magnifique et sauvage en rando+ dans les Préalpes de Digne avec traversée de sommets, passages en rando/escalade, chaos de blocs de grès, sommet en neige, arêtes  caillouteuses, etc. D+ et D-: 2400m.
Aucune ampoule ni de point de friction après cette chevauchée. Pourtant j'ai les pieds un peu fin dans le chaussant des Karakorum mais cela reste du grand confort et le déroulé de pied me va très bien. Dans la neige des dernières pentes de l'Estrop, impeccable!, la chaussure est rassurante. Le maintien de cheville est superbe. J'ai fait l'escalade de quelques blocs en grès d'Annot et la chaussure tient sur des picots. On est sur une rigidité moyenne +, ce qui donne assez de technicité pour de l'escalade rocheuse déjà conséquente. Après tous ces tests je n'observe pas de trace d'usure sur les semelles.

Début décembre: un raid sur deux jours en altitude qui aurait du inclure un sommet de 3200m si la neige difficile à gérer ne nous avait pas pris autant de temps. Quoi qu'il en soit, les Karakorum ont du affronter un terrain montagne passant des versants quasi secs et ensoleillés aux froides ambiances glacés des Ubacs. Pas une douleur aux pieds après ces deux jours de petite baston. Dans toutes les ambiances rencontrées, elles ont été sans reproches: itinéraires pénibles dans la profonde entre des blocs rocheux où l'on avançait pas, des traversés exposées en neige dure, des descentes abruptes de cols en sol gelé, des zones de gadoue, sur les versants ensoleillés au mitant de la journée.

 

Bilan des tests

Les caractéristiques de cette chaussure la prédisposent pour les terrains sauvages où l'on a besoin de technicité et de confort. Pour moi c'est une chaussure idéale pour les activités de montagne, de la rando, à la rando engagée, aux treks d'altitude sur plusieurs jours et à l'alpinisme classique.

J'aime la dimension de ses matériaux, sa prise de cheville, sa rigidité, combinée à un déroulé de pied qui la rend très polyvalente, confortable et sûre sur tous types de terrains.

Rigidité: cela reste une chaussure semi-rigide avec un débord arrière pour un cramponnage en semi-auto, mais la rigidité est conséquente. Je la trouve plus rigide que la Népal Trek. Cette rigidité combinée à un déroulé de pied agréable est la bonne nouvelle qu'apporte la Karakorum car sa dimension alpinisme s'en trouve confortée, d'autant que son sytème de laçage est très performant. En escalade, elle tient sur des grattons, et en pointe on peut développer. Super dans les pentes de neige 40/45°C, même sans crampons on peut batailler en neige dure et ça tient bien.

Confort: c'est là où on apprécie la qualité générale de cette chaussure. la Karakorum rassemble assez de technicité tout en restant une chaussure très confortable. Mon pied étant un peu fin pour son chaussant, ne s'est jamais plaint des grosses bambées réalisées sur plusieurs jours. Tout de suite confortable dès la première, jamais un point d'échauffement, pas d'ampoule ni de point de compression. Un déroulé agréable sur terrain plat pour une chaussure de ce calibre. Le bonheur...

                           Test en parcours exigeant où la semelle joue un rôle important.

Un laçage précis et qui monte très haut. Il n'y a pas moins de 10 points de laçage sur la Karakorum, ce qui permet d’affiner la précision de la tenue du pied dans la chaussure. Six points de laçage sur les orteils et le coup de pied pour arriver au verrouillage, puis une encoche qui ferme le coup de pied et trois autres points pour la cheville et le bas du tibias. Cette fabrication est pour moi assez exemplaire et contribue grandement à la tenue du pied, donc à la technicité et à la précision de la chaussure.

Au niveau thermicité, je les ai testées en hiver sur deux jours avec un bivouac à 2800m. Je les attendais tout de même un cran au dessus. Mes tests de la Népal Trek me laissaient sur le souvenir d'une chaussure plus résistante au froid (testée avec du vent au Mont Blanc sans véritable problème). J'ai eu un peu froid aux pieds avec les Karakorum après un long parcours en neige froide et à l'ombre entre 2600 et 3000m. Je pense que pour les sessions d'alpinisme en altitude où l'on ne bouge pas trop au relais, elles demanderont une semelle thermique pour être acceptables. Changer la semelle intérieure me semble être une bonne chose par ailleurs.

Tests d'imperméabilité: j'ai voulu aller le plus loin possible dans ce test pour bien m'assurer que le problème Népal Trek ne se revivrait pas avec ce nouveau modèle. Il y avait peu de chances car à contrario de la Trek, la Karakorum est dotée d'une membrane GTX ce qui fait souvent la différence. Durant tous mes tests j'ai profité des franchissements de cours d'eau pour la mouiller jusqu'aux plis de la languette. Je n'ai pas remarqué de défaillance ni durant les courses de neige (froide) de ce début d'hiver.

Je les ai mis à l'épreuve dans une bassine où elles sont restées immergées 24 heures dans 5 cm d'eau. Pas d'infiltration constatée au bout de ce test. La jonction tige/semelle est donc bien protégée. Une épaisseur supplémentaire d'eau sur une chaussure ouverte (évidemment puisqu’il n'y a personne dedans) s'infiltre par les plis de la languette. Rien que de normal.

Test donc réussi pour les Karakorum et leur dispositif cuir hydrophobe plus membrane GTX, cependant cela ne veut pas dire que patauger durant des heures dans de la neige chaude sera sans problème. A l'expérience, rares sont les modèles qui résistent à la longue à ce traitement.


                                  La semelle des Karakorum après 50000 m de D + & -

 

Solidité/longévité; usure des semelles: Voici un point critique des chaussures La Sportiva, soulevé par ceux qui en font une utilisation intensive. Après toutes ces bambées, la semelle ne lâche rien. Ce que peux dire c'est qu'à ce stade des test (environ 25000m D+) je ne vois rien de compromettant au niveau de la semelle, aucune marque d'usure qu'elle qu'elle soit, malgré plusieurs descentes en zones de pierriers très conséquentes..

Lors de mes derniers exploits en neige froide et profonde, j'ai arraché un petit cm² de pare pierre sur le devant d'une chaussure, certainement à la faveur d'un frottis rocheux ; recollé à la Seamgrip...

Prix: reste le prix, toujours important à avaler. Je dirais qu'à 260€ (2015) et compte tenu de la sécurité et du confort qu'elle apporte, cela me parait en ligne avec ses concurrentes, avec le marché. Il reste à espérer, comme je peux l’envisager au terme de ces 6 mois de tests, que sa longévité sera bonne, et supérieure à certains modèles de la marque.

Suivi des tests

Julien qui a suivi avec intérêt le dossier 9 chaussures d'alpinisme au ban d'essai sur Altitude rando, a fait l'acquisition des Karakorum. Il nous livre gentiment son retour. Merci à lui.

"En un mot, une chausssure de qualité remarquable, qui a tenu tous les engagements que je lui ai demandés. Quelques ampoules au début, mais le temps que la chaussure se fasse à mon pied (et je lui ai beaucoup demandé, notamment sur des descentes à chamois !).

J'ai utilisé les Karakorum en alpinisme rocheux fin mai pendant 3 jours (grimpe en cheminée, en face rocheuse, en course d’arête), grimpe en grosse soutenue dans du 4+/5+ en moyenne, avec passages de 6a. Aucun problème, parfaite adhérence en dalle, au bout de 3 jours j’avais une confiance totale en mes chaussures.

Puis la semaine dernière je l’ai utilisée 4 jours en course de neige (pente de 35°, et ressauts en glace verticaux). Les conditions faisaient que ça fondait pas mal là-haut, donc neige très molle, on s’enfonçait de 40cm. L’étanchéité est très bonne (j’oserais même dire excellente). En fin de journée un peu d’humidité à l’intérieur, mais plus due à ma propre transpiration qu’à une infiltration de l’extérieur.

Une excellente tenue aux crampons (nouvelle paire de Sarken de chez Petzl), aucun souci dans les parois glaciaires les plus raides (bon je n’ai guère tenté de dévers glaciaire, mais 90° c’est déjà pas mal ;-)).

Aucune ampoule pendant ces 4 jours, preuve que ma chaussure s’est faite à mes pieds."

Les qualités

- Polyvalence

- Confort et sécurité

- Technicité

- Assez légère pour sa dimension

à améliorer

- Un peu légère en thermicité pour de l'alpinisme engagé

- Prix (en rapport avec ses qualités et le marché)