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samedi 05 août 2017

Bergler (Hanwag)

Un test de la catégorie :Chaussures alpinisme et randonnées
Bergler (Hanwag)
Les BERGLER sont des chaussures de randonnées produites par Hanwag. Elles sont intégralement en cuir et la semelle Vibram n’est pas collée mais cousue selon le procédé dit du « double cousu norvégien ». Introuvables en France, c'est Fabrice qui réussit à les obtenir grâce à ses bonnes relations avec un distributeur de la marque Hanwag, qui accepte de lui les commander pour qu'il puisse les essayer sans garantie d’achat. Il les essaye et visiblement les a adopté puisqu'il revient vers nous, fort de trois années d'utilisation, pour publier un compte rendu de ses expériences et un retour de test. Une expérience très intéressante pour un modèle de cette marque phare dont nous avions encore jamais parlé. Un modèle "cuir" polyvalent pour toutes activités de montagne, made in Europe et qui intéressera les adeptes de cette fabrication "tout cuir et double cousu norvégien"... Voyons le résultat des tests...  Et un grand merci Fabrice!

Les données fabricant

Hanwag - La marque des Globe-trotters !
Robustesse, longévité, matériaux de haute qualité... telles sont les caractéristiques propres aux chaussures Hanwag. De plus, les chaussures de la marque sont entièrement « made in Europe » et confectionnées selon une technique artisanale très ancienne : le cousu norvégien ! Extrêmement confortables à l’essayage, elles le seront tout autant après quelques heures de randonnée. Car chaussant, fonction, qualité et artisanat sont les valeurs fortes de la marque depuis 1921, date de sa création.

La BERGLER convient pour des randonnées difficiles en moyenne montagne, y compris hors-sentiers.
Moins de coutures réduisent le risque de frottement et de points de pression. HANWAG utilise une technique spéciale, réduisant le nombre de coutures. Cela pourrait sembler simple, mais il s'agit d'une fabrication très complexe.
Construction traditionnelle nécessitant une main-d'œuvre très qualifiée. La partie supérieure et la semelle sont cousues ensemble.
Grâce à leur construction et aux doubles coutures, nos chaussures peuvent être ressemelées autant de fois que nécessaire.
Doublure en cuir tanné sans chrome, également adaptée aux personnes allergiques au cuir ordinaire

Le cousu norvégien ???


Merci au site Mes Elégances sur lequel j'ai pompé ce croquis
Pour le cousu norvégien, la trépointe côté chair est contre la tige coté fleur (contrairement à la couture goodyear qui est fleur contre fleur).
La couture norvégienne est particulièrement appréciée des chasseurs, alpinistes et autres marcheurs de l’extrême. D’aucuns lui reprochent de laisser apparaître deux coutures quand la couture goodyear ne montre qu’une seule couture. Le cousu norvégien peut donc être un peu moins fin, ce qui n’est pas très dérangeant au milieu d’une forêt ou en haut d’un sommet.

Le test

Article écrit par Fabrice.

Poids:
La paire affiche 1500 grammes en pointure 41,5.
Prix constaté en 2014 : 263€

Premier constat à l’essayage: elles sont d’un grand confort. Je ne parlerais pas de « chaussons », car la semelle affiche une rigidité des plus correctes. Mais, s’agissant de chaussures affichant un look de « grosses à l’ancienne », rien à voir par exemple avec les SUPER GUIDE de chez GALIBIER. Elles sont également un peu moins rigides que les PERFEKT de MEINDL. Je qualifierais par ailleurs le chaussant de relativement standard: ni fin, ni large. Le laçage est, pour sa part, efficace même s’il faut parfois s’y reprendre à deux fois pour passer les lacets dans les crochets autobloquants, un peu étroits. Le soufflet est intégral.

Les tests


La paire dont je dispose a maintenant trois ans. Elle a été utilisée en forêt de Fontainebleau pour commencer (tour des 25 bosses) puis pour des sorties dans les Pyrénées, y compris en raquettes, ainsi qu’à la Réunion durant trois semaines dont deux semaines de trek avec un sac de 18 kilos.

Les trois photos ci-dessous montrent mes Bergler après ces trois années de rando. On pourra ainsi se rendre compte du potentiel de ces "cuir"

Ces sorties ont confirmé le confort de ces chaussures. La semelle, malgré un cramponnage peu profond, s’est révélée efficace et notamment très accrocheuse sur terrains gras comme sur rocher. Le sol assez abrasif de la Réunion, en particulier dans la zone du Piton de la Fournaise, l’a peu affectée alors que je nourrissais quelques craintes à cet égard au début. La rigidité est suffisante pour des sorties avec un sac lourd et la robustesse d’ensemble permet l’utilisation de crampons à lanières sur de courtes périodes.

L’imperméabilité sur des sorties non hivernales est bonne malgré l’absence de membrane du type GOREX: aucune sensation d’humidité dans les terrains parfois plus que très humides de la forêt de Belouve à la Réunion, par exemple, ou lors de sorties bien arrosées dans le piémont pyrénéen.
Pour des randonnées raquettes aux pieds sur deux – trois jours d’affilée, en revanche, il vaut mieux prévoir des surbottes (type « sacs en plastique ») si ça doit brasser pas mal, à tout le moins une très bonne couche d’un cirage de qualité en n’omettant pas d’en mettre sur les coutures reliant la semelle à la tige. C’est quelque chose auquel j’ai certes été confronté avec des chaussures à membranes, mais l’imperméabilité des BERGLER me semble quand même moindre que sur de tels modèles (exemple : ISLAND GTX de chez MEINDL ou APEX ROCK de KAYLAND).


Thermicité: ça reste des chaussures de trek, donc à mon sens la thermicité sera moindre que dans une bonne chaussure d'alpinisme. Je les ai cependant utilisées l'hiver, notamment en rando-raquettes sans problème à des températures légèrement négatives. La difficulté étant plutôt celle, comme je l'ai souligné plus haut, qu'au bout d'une journée à brasser dans la neige, l'imperméabilité est progressivement mise en défaut.

Robustesse et amorti: ces chaussures en cuir me paraissent robustes et suffisamment rigides pour de longues randonnées itinérantes avec sac lourd, et même très lourd (je vais jusqu'à 25 - 27 kg) mais à condition de ne pas évoluer, sauf assez brièvement, dans les pierriers dévorants, du genre "ballast à chemin de fer". Son cuir, très confortable, sera à la longue sensible à l'abrasion des éboulis. Cette chaussure n'est pas si rustique que cela et je ne la conseille pas pour des travaux agricole ou forestiers par exemple. La semelle tient bien le coup et le fabricant annonce qu'elle sera facilement remplaçable.

Chaussure cramponnable?: oui, ça le fait, le pied n'est pas comprimé et les crampons (lanière) tiennent bien. Cependant, la Bergler n'est pas vraiment destinée à évoluer des heures sur des pentes de neige et encore moins sur les glaciers. L'utilisation de crampons est possible mais leur utilisation doit être temporaire, pour gérer certains passages lors d'une ascension.


Un point négatif: la semelle intérieure amovible, qui par ailleurs est  très confortable, supporte mal le contact prolongé avec l’humidité. Dès lors que l’eau finit par pénétrer, les deux parties dont elle est composée se décollent l’une de l’autre au bout d’une journée (voir photo), ce qui est assez peu admissible au regard du prix des chaussures (263 €).

En guise de conclusion, je dirais que le domaine d’utilisation de ces chaussures me paraît être la randonnée en montagne à la journée ou itinérante avec un sac bien rempli, mais toujours sur des sentiers relativement bien tracés. Le fabricant a d’ailleurs classé ce modèle en catégorie B et je ne pense pas qu’on puisse aller au-delà sauf sur de courtes périodes. Si la robustesse du modèle dont je dispose n’a en effet pas été prise en défaut, toutefois, contrepartie de la légèreté et de l’absence d’enrobage, le cuir à l’avant marque vite (voir photos). A ce stade, l’inconvénient n’est qu’esthétique mais il faudra voir dans la durée ce que cela donne.

Les qualités

- La qualité et le confort du "tout cuir" et du "cousu norvégien"
- Confort ne privant pas la chaussure d'une rigidité intéressante
- Bonne semelle
- Amorti permettant de gros portages
- Assez légères pour des "cuir"

à améliorer

- Chaussure que l'on attendait un peu moins sensible et plus robuste
- Imperméabilité limitée dans la neige
- Semelle de propreté qui se dissocie en présence d'humidité