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lundi 09 septembre 2013

Quelles longes pour les relais?

Un test de la catégorie :Quincaillerie/Piolets/Bâtons/Crampons
Quelles longes pour les relais?
Ce n'est pas la première fois que vous êtes en réchappe avec 5 personnes vachées sur deux points et un joli foutoir au relai. Mais cette fois vous n'avez pas votre chance habituelle et votre pied glisse. Vous tombez sans réaliser que vous êtes au-dessus de la chaîne de rappel. Situation des plus graves car vous êtes longé par une sangle statique. Vous tombez de deux fois la longueur de la sangle. C'est la chute de facteur 2... La plus éprouvante pour les matériaux utilisés. En fait elle va développer une force supérieure à ce que votre sangle peut absorber...

La vidéo - Materiel outdoor

Vidéo des tests Béal concernant des longes en dyneema, fortes en résistance mais faibles sur un choc. Ici est représentée la situation la plus défavorable: une chute de facteur 2 sans frottement (corps du grimpeur, chaussures qui ripent). Ensuite vient le test des longes dynamiques. Les normes en escalade, où les valeurs de rupture, contrairement à celles données pour l'industrie, ne comportent aucune marge de sécurité. Donc quand ça casse à telle force, ça casse pour de bon, et ces tests ne sont surtout pas à prendre à la légère.

Le test

En 2006 (déjà!) une campagne de tests sur les longes utilisées sur des cordes statiques et en spéléo a montré que les longes en anneaux de sangle que l'on utilise encore banalement pour se vacher au relais ne résistent pas aux chutes de facteur 2 et même parfois de facteur 1. Lors des tests de chute, ces sangles se sont souvent rompues.

En conclusion de cette étude on peut lire: "les longes manufacturées proposées à l'heure actuelle sur le marché, constituées à base de sangles cousues, peuvent constituer un danger." Les tests ont en effet montré que leur force de choc* en facteur 1 pouvait dépasser les 1500 daN"

Bien que la bonne pratique exclue - en théorie -  ces situations, elles arrivent pourtant lorsque l'on se vache dans une mauvaise position au relais; assez rarement lors d'une ascension, mais favorisées par certaines situations de promiscuité. C'est surtout dans les manœuvres de rappels successifs et particulièrement dans des environnements hostiles et par mauvais temps qu'elles peuvent survenir. On peut en effet facilement, et malheureusement, se vacher au relais alors que l'on est pas bien positionné sous les points d'assurance.

- Les sangles en Dyneema: Leur utilisation induit un réel danger de rupture lors d'une chute de facteur 1. Pour les plus fines d'entre elles dès le facteur 0,4!! Et pourtant on voit encore des ouvrages pédagogiques où l'on se vache au relai avec ces anneaux... Force de l'habitude ?

- Les daisy chain: malgré le fait que certains modèles soient renforcés, elles sont vivement déconseillées pour se vacher au relai. Si l'on utilise une Daisy chain en tant que vache, il y a un gros risque de l'utiliser pour ce qu'elle n'est pas faite. De plus, il est absolument essentiel de faire une nœud avant la boucle d'extrémité sur laquelle est clippé le mousqueton de sécurité. Illustration:


Dyneema & Kevlar

Il faut prendre conscience que le dyneema et le Kevlar sont des matières sans capacité d'allongement, donc sans capacité d'absorption de la force générée au moment de la chute. Par contre leur charge de rupture est importante, et supérieure aux cordes dynamiques. Pour résumer, ces matières sont résistantes à la traction mais fragiles sur un choc.

Différence entre force de choc et charge de rupture

*Force de choc: c'est la force que la longe n'a pas absorbée et qui reste à dissiper. C'est donc la force qui sollicite les ancrages, le corps du grimpeur, et qui provoque la rupture de la longe quand elle est importante. Ce calcul est toujours fait dans la situation la plus défavorable.

Charge de rupture: résistance maximale de la longe sans aucun choc.

Rappel facteur 1 &2

- Chute de facteur 1: vous tombez à hauteur de votre point d'attache, la chute fait donc la longueur de la longe, rapport 1 pour 1.

- Chute de facteur 2: vous tombez alors que vous êtes positionné au dessus du relais, de la hauteur de la longe vachée en dessous de vous, la chute fait donc deux fois la longueur de la longe - rapport 2 pour 1-. C'est dans ce cas que les forces de choc sont les plus importantes et donc que le danger de rupture de votre longe et aussi des points d'ancrages est le plus grand.

Retour sur les tests de longe de 2006...

Les différents tests montrent que les longes constituées avec des nœuds résistent beaucoup mieux que les longes cousues. Les nœuds encaissant une bonne partie de la force de choc. Mais il semble que cette qualité d'absorption pour survivre, demande que l'on défasse et refasse les noeuds après chaque chute.

Les longes en dyneema ou en corde statiques ont une durée de vie très limitée. Un deuxième test réalisé 24h après le premier montre que l'augmentation moyenne de la force de choc entre le premier et le deuxième test est de +20 à +33%. Par exemple, les longes réalisées en cordes de diamètre inférieur à 10mm ont toutes subies des ruptures lors du deuxième test en facteur 2.

 

Conclusion

Les longes d'attache doivent être reconsidérées avec l'exigence des chutes possibles en facteur 1 et 2. Les anneaux en Dyneema, en Kevlar, les daisy chain ne sont pas indiqués pour cette utilisation. Le mieux est d'utiliser une longe en corde dynamique de gros diamètre (supérieur à 10mm) et confectionnée avec des nœuds. Mais compte tenu de l'importance de ce type de matériel, je préfère ne pas recommander de les faire soi même.

Il faut même dire que si vous fabriquez vous même votre longe ou EPI (équipement de protection individuelle) vous y allez de votre responsabilité. Par exemple, vous prêtez votre longe à un ami, si celle-ci n'est pas certifiée CE (conforme aux exigences), votre responsabilité pourra être recherchée en cas d'accident. Les professionnels sont particulièrement visés par la directive européenne sur la mise à disposition des EPI qui interdit la fabrication d'Equipement de Protection Individuelle sans certification CE.


Une solution: la dynaclip de Béal

- données fabricant -

 Dynaclip: longe en corde dynamique avec terminaisons cousues pour se vacher

 au relais, en toute sécurité. Les performances dynamiques de cette longe

 sont bien supérieures à un anneau de sangle traditionnel.

 2 longueurs: 40 cm/75 cm.

• Légère, dynamique, compacte.

• Poids : 75 cm /70 gr - 40 cm /50 gr.

USAGE  : Escalade / Alpinisme / Canyon (ne pas utiliser les dynaclip pour la via ferrata, dans ce cas utiliser des longes spécifiques à absorbeurs de chocs)

Résistance (charge de rupture): 1500 daN(kg).

      Test de la double clip en rappel sous l'orage

 

Les dynaclip sont réalisées à base de corde dynamique Béal assemblée par une couture en fil de polyamide. La couture est protégée par une gaine plastique thermo rétractable. A compter de 2014, la gaine plastique sera amovible pour permettre une vérification facile des coutures. Chaque longe possède un identifiant individuel, permettant une traçabilité du matériel. Sa durée de vie est limitée (vérifier sur la notice d'utilisation jointe au produit). Béal fabrique également ces longes sur mesure pour les professionnels ou les collectivités.

Les tests

J'ai testé les trois modèles de dynaclip en grandes voies falaise et montagne durant l'été 2013.

Le petit (40 cm) est taillé pour la falaise, les parois raides, où l'on se suspend au relai. Le grand (75 cm) pour les terrains plus divers. Ils s'attachent au pontet sans mousqueton avec une tête d'alouette, et se mousquetonnent au relais avec un mousqueton de sécurité. La dynaclip double-longe est étudiée pour les descentes de rappels successifs avec un brin court pour le frein (plaquette) et un brin plus long pour se vacher au relai avant de faire toute manip. La double longe est à mon avis indispensable pour les voies de montagne avec descente en rappels engagés (descente de piliers équipés ou traversée d'arêtes). Idem pour les grandes voies style Verdon-Escales, où l'on arrive du haut sur les relais. La double longe se compose d'une courte et d'une grande. Mettre la plaquette-descendeur sur la petite longe qui a la bonne taille pour faciliter la descente en pente raide et placer une assurance par cordelette au-dessous, fixé par mousqueton à vis sur le pontet. Arrivé au relai, se vacher directement avec la grande longe sur le point du relais le plus éloigné, avant de défaire le descendeur. Puis dans un deuxième temps, enlever le descendeur confortablement (chaleur de l'engin) et s'assurer une deuxième fois avec la petite longe sur le point du relais le plus proche.

La bonne utilisation de la doubleclip: brin court pour le frein, brin long (en attente) pour se vacher au relais, et assurance au pontet sur mousqueton à vis. 

La question est de savoir où les mettre pendant l'escalade, de leur position au baudrier...

Si on veut les avoir toujours prêtes à servir comme vache, la petite est assez facilement positionnée du pontet à la fin du premier porte-matériel. Pour la grande c'est plus compliquée, il faut faire le tour du baudrier pour l'accrocher sur le premier porte matériel opposé et c'est assez embarrassant tout de même. Pour la double c'est encore plus gênant.

D'après mes propres essais, je dirais que la petite peut être gardée au pontet pendant l'ascension. La 75 cm et la double peuvent se mettre facilement à l'arrière du baudrier, comme un anneau plié. On peut ainsi facilement s'en servir avant de commencer la ligne de rappel.

 

Merci à Philippe Brass

 

Les qualités