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samedi 05 mars 2016

Le test

Dans ma région -les Alpes du sud- je constate que de plus en plus de cabanes d'altitudes sont maintenant fermées à clé. 


Sur la commune de Prads (04), il y a encore deux ans on pouvait s'arrêter à Chanabaja ou au col. Dans le massif du Grand Coyer (Annot), beaucoup de cabanes sont également fermées et si vous y passez plein d'espoir, je vous souhaite d'être au timing, car une nuit dehors c'est très glauque.
A la suite de travaux de rénovation, elles ont été fermées par décision communale, même en dehors des estives où elles sont allouées à des bergers. Fini! randonneurs, skieurs, passez votre chemin! les abris sont réservés aux bergers, même en hiver où il n'y a personne. Interdit d'y rentrer!

D'un point de vue comptable, je trouve assez remarquable que les contribuables soient exclus des abris financés avec des fonds publics, au bénéfice des activités pastorales, déjà plus que largement subventionnées par ces mêmes contribuables.
Mon objectif n'est pas d'alimenter une polémique, mais de sensibiliser les maires au fait que l'espace de montagne est également utilisé par les rando-alpinistes. Ces maires, peut être encouragés par les conseils généraux ou régionaux, ou par les préfets, pourraient envisager de laisser les abris ouverts, et/ou lors d'une rénovation, prévoir un espace de secours et de couchage, en sus d'un espace éventuellement privé destiné au berger.

Merci à celles et ceux qui m'ont contactés pour me faire part de leurs avis et de leur expérience. Après quelques échanges intéressants et un fil de discussion sur camp to camp, j'ai rédigé un courrier que je destine aux responsables des financements de ces cabanes: Conseils généraux, conseils régionaux, Missions montagne, fonds européen, et municipalités.

Voici le texte de ce courrier , je pense l'envoyer en début d'année 2014, au moment où va commencer le débat sur les municipales:


Lettre à l'attention des décideurs de subventions pour les espaces de  montagne.

Objet: fermeture des cabanes de montagne

 Madame, Monsieur,

Passionné de montagne, je parcours à pied ou à ski, été comme hiver, les différents massifs français. L’hébergement montagnard en altitude est principalement constitué de refuges et de cabanes. Mais on compte en moyenne un refuge pour 10 cabanes.

Or, ces cabanes, gérées par les communes, sont malheureusement de plus en plus souvent fermées à clés et donc interdites aux alpinistes, randonneurs et skieurs-alpinistes qui pourraient en avoir besoin pour s'abriter et y passer la nuit.

L'été, nombre d'entre elles sont louées à des éleveurs, et l'hiver leur accès reste défendu, cela contre le bon sens qui voudrait qu'en altitude un randonneur nécessiteux puisse utiliser ces abris.

Cette triste évolution, constatée chaque année, reste différente selon les régions. Dans les Pyrénées, de nombreuses communes ont compris l'intérêt d'abris ouverts qui favorisent les randonnées itinérantes, et donc capables d'attirer des visiteurs dans ces vallées. Une source de richesse multiple qui ne semble pas intéresser les maires des Alpes, et spécialement dans les Alpes du sud.

Pourtant:

- Les randonneurs ne sont-ils pas également des contribuables qui financent la rénovation ou la construction des cabanes, via leur conseil général, leur conseil régional et le fond européen FEADER ?

A ce titre, ils financent des abris dont-ils sont désormais privés d'accès, même en cas de difficulté?

- Les activités pastorales, avec lesquelles les amoureux de la montagne souhaitent vivre en intelligence et en harmonie, ont besoin d'être soutenues et subventionnées, mais n'est-ce pas là l'occasion de partager une partie de ces fonds avec le public au lieu de les rendre "exclusifs"?

- Ne doit-on pas se demander en quoi une commune serait-elle responsable en cas de plainte des proches d'un "montagnard" mort de froid à proximité d'une cabane fermée, et de fait ne pouvant servir d'abri d'urgence ?

 

Il y a à l'heure actuelle une prise de conscience et des débats, de la part des pratiquants des "sports de montagne" qui s'inquiètent de la fermeture de ces cabanes.

Ces amoureux de l'espace montagnard, et moi même, souhaitons attirer votre attention sur la nécessité de sensibiliser les maires des communes d'altitude sur le fait que les pratiquants des sports de montagne sont aussi une partie des administrés qu'ils doivent prendre en compte. Il paraît en effet logique que ceux-ci puissent également bénéficier des équipements qu'ils financent, lorsque le berger est absent des alpages, soit 8 mois par an.

Une solution pourrait être de prévoir pour toute nouvelle construction et pour toute rénovation de cabane, un espace supplémentaire à celui du berger et dédié aux randonneurs comportant un abri avec un poêle, une table et un espace de couchage pour un minimum de 4 personnes.

Le coût d'une telle adjonction à une cabane de berger représente finalement peu de choses.

Certains maires évoquent un risque de dégradation des cabanes, et justifient ainsi leur décision de fermer les abris...

Il semble pourtant que toute infrastructure publique, où qu'elle se trouve, demande un entretien régulier. Le mauvais comportement de quelques individus ne justifie pas leur fermeture. Sinon, on verrait fermer les jardins publics, les gymnases, les aires de jeux…

La présence d’une cabane en montagne peut d'ailleurs être un vecteur d'éducation, de pédagogie et de responsabilité. Ne pourrait-on pas prévoir une fois par an, au moment de la reprise en main de la part du berger, un petit supplément de remise en état au cas ou quelques dégâts seraient constatés? - l'entretien des locaux d'altitude demandant de toutes façons des remises en état annuelles -.

Je vous prie de me dire quelles démarches ou quelles mesures pourraient être dirigées en direction des communes d'altitude afin qu'elles prennent en compte l'ensemble des utilisateurs des espaces de montagne dans le cadre des points évoqués ci-dessus.

Dans cette attente je vous adresse mes cordiales salutations et l'expression de mes sentiments les plus attentifs.

 

Les courriers sont partis à l'attention de:

- Service montagne et massifs alpins du conseil régional PACA

- Service Agriculture et Forêts du conseil général 04

- Service Agriculture et développement rural du conseil général 83

- Service Agriculture et Forêts du conseil général 05

J'attends une éventuelle réponse avant d'envoyer des courriers aux communes qui pourraient être concernées

 

Réponses

Longue réponse du conseil régional PACA (service du développement des territoires), 2 pages qui détaillent les politiques publiques, les difficultés des petites communes de montagne, et une promesse d'étude des propositions évoquées dans mon courrier: "pour garantir un accès plus important, plus quantitatif et sécurisé aux refuges et cabanes en haute montagne"

réponse du conseil général des Alpes de Haute Provence. "Le département soutient les projets présentant un local indépendant de la partie habitation du berger. Cette pièce aux vocations multiples reste généralement ouverte toute l'année et permet, entre autre, de servir d'abri aux randonneurs". "laisser les cabanes ouvertes sans aucune garantie (caution) n'est pas envisageable compte tenu du nombre d'actes de vandalisme." "Prévoir d'aménager des cabanes destinées tout à la fois à l'usage pastoral comme à l'usage touristique constitue une orientation envisageable que nous allons approfondir."

- Aucune réponse du département du Var et des Hautes Alpes