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samedi 15 juin 2013

Mirage (Valandré)

Un test de la catégorie :Sacs de couchage et matelas
Mirage (Valandré)
Combien faut-il de duvet dans un sac de couchage pour une utilisation "Montagne"? 400g? 600? ou davantage?... Le Mirage nous apporte une nouvelle piste de réflexion qui pourrait se résumer par cette nouvelle question: "en ayant un habillage adapté, et dans un sac étudié, quel garnissage est-il suffisant?

Les données fabricant

le Mirage est un sac de couchage idéal pour la course d’orientation par temps froid ou la randonnée ultralégère. Un modèle de technicité à l’image de Valandré avec l’utilisation d’un des tissus les plus légers et compressibles qui enveloppe un duvet au gonflant fabuleux. Pour les connaisseurs de la marque, on peut considérer le Mirage 3/4 comme un mini Shocking-Blue.

Tissu:Asahi KASEI Impact 66 Polyamide WR Rip-Stop / Asahi KASEI Polyester WR Rip-Stop
Duvet: Oie grise 800+cuin (Norme UE)
Poids total: 773 g; Poids duvet: 338g(S)/365g(M)/393g(L).
Circonférence: 158/135/95 cm
Poids volume compressé: 4.8 litres
Taille S: 170/200 cm; Taille M: 185/215 cm; Taille L: 200/230 cm
Température confort: -1°C (Limite EN 13537)
Température extrême: -17°C (EN 13537)
 

La vidéo - Materiel outdoor


Le test

Au fil des tests

J'ai voulu profiter au maximum des dimensions et du poids de ce duvet dès les premières courses d'hiver. Après des premiers essais à faible altitude, mais en hiver tout de même, je l'ai emmené en février, dans le tour de la Tête des Toillies avec un bivouac mémorable à la "cabane du col" à plus de 2500m dans de mauvaises conditions.

Ce fut un test de thermicité intéressant: une cabane délabrée, pleine de neige, avec une poutre faîtière brisée. Des températures relevées: de -4° au moment du repas à -5°C au matin avec une descente probable à -7°C en cours de nuit.

J'avais prévu de me couvrir avec une petite doudoune en duvet de canard et j'ai eu assez chaud en haut. Mais malgré mes deux collants légers, j'ai eu froid aux jambes et j'ai ajouté un vêtement en bas du duvet pour dormir correctement malgré les conditions. J'étais bien isolé du sol. Au milieu de la nuit j'ai mis un bonnet, mais je ne sais pas si j'en avais vraiment besoin...

La cabane menaçant réellement de s'effondrer et des chutes de neige continuelles depuis le début de l'après-midi ont données une dimension de stress non négligeable à ce bivouac, en plus de températures bien en-deçà des normes de ce duvet. Cela a fait, je pense, un excellent test de thermicité capable de jauger le mirage dans ses limites.

- Une autre nuit, à 2600m au refuge de Chambeyron, mais dans des conditions beaucoup plus clémentes avec un vrai matelas. Une nuit sans histoire.

- Bivouac en mai dans "l'arrière-boutique" de la cabane vieille, au pied du grand Coyer (04), ainsi qu'au refuge de l'Estrop, également à 2050m, avec déjà des températures légèrement positives, ont permis de jauger la polyvalence de ce duvet.

- Bivouac récents en altitude: Camping d'Ailefroide par mauvais temps (1600m), Laverq (2300m), Bivouac Boerio (3100m), Bivouac barenghi (2850m).

- Au total, une petite quinzaine de nuits dans ce duvet avec des températures étalées de -7 à +10°C

 

Voici la "cabane" du col (2530m) en février 2013 où a eu lieu le test de thermicité. Il fallait commencer par la trouver, et ensuite la dégager (voir vidéo ci-dessus). En tous cas cet abri est en ruine, il faudra trouver autre chose pour les prochains tests...

 

Thermicité

Si j'ai joué au bivouac 4 saisons avec le mirage, ce n'est pas pour rivaliser avec les vrais duvets capables d'encaisser de fortes températures négatives.

Le test de la cabane du col, avec sa dimension de stress, me porte à dire que ce duvet peut permettre de dormir à -5°C à condition d'être habillé en conséquence. Pour le haut du corps c'est facilement réalisable; je n'ai pas eu froid avec une première peau en laine et une petite doudoune en duvet de canard, ce qui constitue déjà un habillage conséquent.

Par contre pour les jambes, et à ces températures, mes deux petits collants n'ont pas suffi, et il a fallu que j'enfile un autre vêtement en duvet autour de mes jambes pour gommer la sensation de froid qui m'empêchait de dormir.

J'ai par la suite dormi avec mon pantalon de ski de rando et deux petits collants et cela m'a permis de résister aux températures de l'ordre de -4°C.

Dans l'autre sens, et malgré son zip restreint, j'ai pu dormir à l'aise à 10°C.

Le mirage permet une vaste plage d'utilisation.

On peut envisager du 4 saisons avec ce duvet de 800g, à condition de bien se connaître et d'avoir une vraie couche isolante pour les jambes.

Comme toujours, et particulièrement avec le gonflant du duvet 800+, l'isolation du sol jouera un rôle de premier ordre dans le confort thermique.

La collerette

Vraisemblablement pour économiser du poids, Valandré n'a pas mis de collerette dans le Mirage. Je l'ai regretté. Dans les ambiances vraiment froides ce serait un atout de plus pour résister à de vraies températures négatives. Malgré les réglages au top, sans collerette,  le minimum d'ouverture est tout de même un pont entre les calories et les frigories. On peut éventuellement stopper ou diminuer ces échanges en s'entourant le cou avec une polaire. A mon avis ce n'est pas négligeable.

 

                     La cabane vieille en mai 2013 (2050m). Fermée... mais nous avons dormi dans l'annexe.

Confort d'utilisation

Le Mirage bénéficie de l'onctuosité du duvet d'oie des Pyrénées au gonflant exceptionnel. Les réglages par 2 tonkas jumelables est très au point et donne une souplesse et une précision aux ajustements de la capuche et à l'ouverture du duvet.

Le Mirage est bien taillé pour l’effilement des couches nécessaires à une utilisation variée. On aura assez de place pour 3 couches en haut, voir une grosse doudoune si on a pas la carrure d'un guerrier Cimmérien. Pour les jambes c'est également bien étudié, mais plus juste, en permettant le port d'un pantalon en polaire ou en duvet.

La légèreté

Avec 850g en taille L, sur ma balance avec sac de compression, le Mirage est 300g moins lourd que le Lafayette. C'est évidemment son élément de confort le plus flagrant, lorsque l'on doit le porter, et surtout dans des entreprises périlleuses.

Des commodités absentes

Le mirage est un sac de couchage sans accessoires. Pour un gain maximum de légèreté, le fabricant a dû supprimer certaines commodités. Le Mirage a un zip assez court, qui le prive d'une grande ouverture et d'un peu de confort d'utilisation. Pas de collerette... Si on gagne quelques grammes, on perd un élément de confort thermique. On ne trouvera pas non plus la petite poche appréciable pour ses verres de contact ou une montre... On a rien sans rien...

Sac de compression

Reste un mot à dire concernant le sac de compression. Je vais me répéter, car c'est un peu à chaque fois la même chose avec les sacs de couchage Valandré: le sac de compression n'est pas à la hauteur. Dans le cas du Mirage, ce n'est pas le pire. Le sac est plutôt à la bonne taille, et le duvet s'y comprime bien, mais il n'y a pas de sangles de compression pour gagner un peu en volume et le tissu est disons... d'un autre âge.

Bilan de mes tests

Un bilan satisfaisant pour ce poids plume qui montre que l'on peut tenter des bivouacs hivernaux avec ce genre de matériel si on sait l'utiliser.

Le Mirage passe pour être un "mini-shocking blue". C'est à dire un sac de couchage à l'architecture performante. A l'utilisation tout est si simple et évident que l'on ne saisit pas toujours le degré de technicité du duvet. Il est pourtant à l'origine de ses performances.

La qualité des tissus utilisés par Valandré, et leur respirabilité, jouent aussi un rôle important.

Avec ses 800g, je pense donc pouvoir l'emmener lors de pas mal de sorties car il tient bien le choc pourvu qu'on ne s'enfonce pas dans le négatif, ou alors avec un double habillage complet. Pour en arriver à cette légèreté, le duvet fait l'impasse sur les accessoires (pas de collerette, pas de poche intérieure, Zip assez court).

Des tests qui confirment ses aptitudes pour des sorties 3/4 saisons. Dommage qu'il n'y ait pas de collerette pour gagner encore en efficacité thermique.

Prix constaté en juin 2013: de 310€ (taille S) à 330€ (taille L)

 

Suivi des tests

Août 2013 / bivouac sans tente sur le versant nord de l'Estrop dans les Préalpes de Digne, un peu au-dessus des "eaux tortes" à 2300m.


 

Voulant limiter le volume et le poids de mon portage, le Valandré Mirage s'est avéré être le bon duvet pour un sac à dos de 35 litres. Le bivouac a eu lieu sur le matelas Mountain 2 de Lafuma version courte de 1.22m et une belle pelouse, le tout dans un décor de rêve. Mais avec un ciel nuageux, chargé d'humidité au coucher, et un changement de pression en cours de nuit, je me suis vite retrouvé avec une rosée importante sur le duvet... J'ai donc enfilé un sursac par-dessus. Au réveil, bonne surprise, le duvet était toujours sec et impeccable à l'intérieur. L'humidité est restée entre le duvet et le sursac et s'est même transformée en givre, preuve que les températures de la nuit ont été plus froides que prévues. Habillé d'une simple peau en laine et d'un collant, j'ai passé une nuit thermiquement correcte. Ce nouveau test confirme les performances thermiques du Mirage en bivouac "à la belle" en saison estivale (avec sursac dans le cas présent). L'absence de collerette, une nouvelle fois, alimente mes regrets pour ce duvet, qui, déjà intéressant pourrait être plus efficace encore.

Dec 2014 / Je continue à utiliser le Mirage dans des bivouacs en fin de saison, voir en hivernale (ski de rando) quand ils sont en dur et confortables. Avec une mini doudoune et des couvertures sur les jambes, des températures négatives sont gérables.

Les qualités

- Légèreté

- Polyvalence

- Aptitudes aux bivouacs engagés si on sait l'utiliser

à améliorer

- Manque une collerette pour une utilisation plus prononcée en bivouac 4 saisons