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vendredi 24 novembre 2017

Stretchdown DS (Mountain Hardwear)

Un test de la catégorie :Vestes /doudounes/pantalons
Stretchdown DS (Mountain Hardwear)
A l'approche de l'automne, je regarde les nouveautés en matière de couches thermiques et voici que la marque Mountain Hardwear sort un nouveau modèle présenté comme une doudoune à capuche de dernière génération. Les avancées techniques décrites par le fabricant sont les cloisonnement du duvet sans coutures et un tissu étirable qui la rend confortable dans l'action et non plus seulement au repos.  Avec environ 150 grammes de garnissage en duvet d'oie, selon les tailles, c'est une veste qui semble donc vouloir tout faire, protéger du froid au bivouac, lors des pauses, mais aussi être utilisée en dernière couche dans des entreprises hivernales ou en altitude. Randonnée, alpinisme, ski de randonnée.. L'hiver montre le bout de son nez, je me dépêche d'emmener cette veste en montagne pour pour éprouver sa polyvalence et la pousser dans ses retranchements.. Après 3 mois de tests, dont certains en conditions sérieuses, voyons le résultat...

Les données fabricant


La doudoune StretchDown DS Hooded Jacket de Mountain Hardwear est une doudoune à capuche de dernière génération utilisant des bandes thermocollées afin d'éviter toutes coutures traversantes générant des ponts thermiques.

Tissu intérieur et extérieur 100% stretch pour donner plus de liberté de mouvement de de confort
Plumes et duvet d'oie certifiées R.D.S. (800 Fill Power US = 700 Cuin Europe) de type 90/10 ayant subit un traitement d'imperméabilisation NIKWAX, sans fluorine.

Tissu : 30 Deniers 100% Nylon

Poches : 2 poches chauffe-mains + 1 poche poitrine zippée + 2 poches intérieures (gants, masque de ski).

Longueur du dos : 70cm

Coupe Active Fit (près du corps)

Poids : 547g (M).

Existe avec ou sans capuche.

Prix: (nov 2017): 260€

La vidéo - Materiel outdoor


Le test


Garnissage, poids et nature du duvet

Difficile de trouver des infos en ligne sur le poids du garnissage, c'est pourtant une donnée fondamentale pour une doudoune en duvet. Cela donne bien entendu une idée de la dimension thermique du vêtement, et également une idée de son volume et de sa compressibilité dans un sac à dos.
J'ai finalement contacté le SAV de Mountain Hardwear qui m'a répondu avec célérité.
Le poids de duvet dans la taille S est de 135,4 grammes, c'est précis!. En taille M, c'est 150 grammes de duvet, et en L , 156,6 grammes.
A titre de comparaison, les grosses doudounes de Valandré, comme la Bifrost contiennent 252g (M) de duvet 800+ et la Immelman 354 g (M).
Le garnissage est du duvet d'oie 700 Cuin (800 Fill Power US = 700 Cuin Europe) de type 90/10, 10% de plumettes.

Poids total: Poids : 547g (taille M) - 578 grammes vérifiés en taille L sur ma balance.

Au fil des tests

Début Octobre 2017: Test en alpinisme d'automne.
Dès le premier soir, je teste la Stretchdown sur une petite aiguille de granite à proximité du refuge, vers 2400m d'altitude. La densité thermique, qui s'était faite assez discrète au repos après une longue montée, se révèle rapidement et j'explose de chaleur sous le vêtement après une quinzaine de mouvements. Pourtant la température descend rapidement , il doit faire 5/10° max. Il fait encore trop chaud pour tester cette doudoune en escalade.
Le deuxième jour sera différent, sur des arêtes à plus de 3000m, avec un vent du nord soutenu et chargé de cristaux, je ressentirais mieux l'impact thermique et le winstop de la veste. L'étirabilité est bien présente, sans que l'on s'en rende compte. C'est à mon avis ce qu'il faut pour un vêtement en duvet qui se porte en dernière couche.
Lors de ces premiers essais je ressens bien l'association de la densité thermique avec un confort permettant des mouvements de grimpe fluides.

Le vent soutenu et froid entre dans la capuche. Le lendemain, les conditions sont loin d'être extrêmes mais déjà sérieuses à l'approche des faces nord. J'en déduis que si l'on porte la Stretchdown DS en dernière couche, sans hardshell, en conditions sévères, une cagoule sera nécessaire pour contrer les entrées d'air froid dans la capuche. Ou si les conditions sont acceptables, un seul tour de cou pour protéger le bas du visage.
La capuche est en effet non réglable. Sa dimension est compatible avec le port d'un casque (plutôt petit). J'y trouve une logique: on sera à l'aise dans la doudoune en conditions froides avec un vent modéré. En conditions vraiment difficiles, une hardshell sera nécessaire, viendra protéger le visage et renforcera le windstop.
L'équipement de la veste me séduit: d'abord les deux poches "réchauffe mains", faciles à utiliser et efficaces avec ou sans gants. Une poche de poitrine et deux poches internes sans fermetures en complément.

Fin octobre: rando d'exploration sur une face nord avec une nuit en refuge à 2200m.
Début de nuit avec la doudoune qui apporte un effet "bibendum" intéressant. Dans les creux de vallée le matin, je monte avec la Stretchdown sous le sac à dos, sans problème. Avec des températures autour de 0°, voir un peu moins, la veste en duvet se supporte et permet un bon confort thermique. Visiblement elle n'a pas l'air de trop craindre les bretelles du sac à dos. C'est une bonne enveloppe.


Fin novembre: première hivernale de la saison avec une virée sur deux jour au bivouac Bonelli et sur la tête de l'Alp.
Une virée en raquettes dans un parcours sauvage. Une belle rando hivernale. Les températures sont négatives avec du vent le premier jour. Avec de longs passages à l'ombre et du -5°/-7°C ressentis, on avait déjà un peu froid aux pieds. Je n'ai pas quitté la Stretchdown, même si je l'ai ouverte dans certaines montées. C'était une longue journée, intéressante pour juger de la thermicité, mais surtout de la respirabilité de la Stretchdown. La veste est dense mais respire bien, ma première couche n'a pas été trempée dans l'effort, ni même humide.

Notre bivouac, le refuge Bonelli (2330m) est une glacière dans un fond de cirque vite à l'ombre; -5°c pour nous accueillir. J'avais fait le pari de dormir sans sac de couchage, juste avec la Stretchdown et des couvertures sur les jambes. C'est ce qui a pu être réalisé, au final assez bien, car j'ai été au chaud dans la doudoune une fois mes pieds réchauffés. Mais cela a pris des heures... La veste fait son boulot thermique, avec un bonnet sous la capuche et un tour de cou, mais ne génère pas assez de chaleur pour réchauffer les extrémités si l'on est fatigué et dans des températures de l'ordre de -5°C.. Il faut dire que nous n'avons pas pu ouvrir les bouteilles de gaz du refuge (manettes gelées). De ce fait je n'ai pu boire une grande boisson chaude en arrivant, ce qui contrecarre toujours assez bien l'inévitable refroidissement après l'effort.
Bref, même avec un milieu et une fin de nuit confortables, si c'était à refaire, je prendrai un petit sac de couchage.
Je crois bien que j'ai touché là les limites thermiques de la Stretchdown DS. Ce n'est pas du niveau des grosses doudounes à plus de 250 grammes de garnissage. Ici on a 100 grammes de moins, ce qui est considérable pour une veste.


Bilan des tests

Avec ses 150 grammes de garnissage et son tissu étirable et assez résistant, la Stretchdown DS est polyvalente et peut être à l'aise en vêtement de dernière couche. En protection thermique, elle est plus proche des grosses, que des mini-doudounes. Elle est agréable à porter et indiquée pour de la rando hivernale, de l'alpinisme, du ski, au autre...

Son look est réussi. C'est une jolie veste qui réserve un effet particulier avec ses petites cloisons thermocollées. Seule la capuche manque un peu de style et de technicité à mon goût.

Technicité et équipements: Les tissus intérieurs et extérieurs sont étirables, ce qui la rend plus agréable et moins fragile pour les activités grimpantes. Il y a une poche de poitrine pratique avec un bon zip, et deux grandes poches intérieures et latérales en nylon, non fermées. La technologie du thermocollage des cloisons donne un bel aspect au vêtement et l'absence de coutures est une avancée technique: pas de sensation de fil dur, et moins de ponts thermiques. Les poches latérales extérieures sont idéales pour se réchauffer les mains, elles sont d'une largeur suffisante pour enfourner des mains froides et qui plongent directement au contact du ventre, via un bon nylon. Pas de vrais "manchons" aux poignets mais un élastique d'arrêt, qui sera peut être un peu fragile à l'usage... Un ajustement de serrage de la taille, par cordon élastique se règle à gauche et à droite.

Version avec capuche ou sans capuche: La capuche est un peu en deça de la technicité générale. Elle passe par dessus un petit casque bien que cela soit juste... Par contre, elle n'a pas de réglage d'ajustement et ne protège pas le bas du visage. Tours de cou et cagoules seront nécessaires en conditions sérieuses et au bivouac.
Je ne saurais conseiller entre les deux versions. Il est probable qu'une grosse cagoule sous un casque sera peut être plus efficace que la capuche pour certaines pratiques. A voir...

Confort et respirabilité: Les tissus étirables sont un confort indéniables. Pour tout dire, on ne se rend compte de rien tant c'est naturel. L'étirabilitée est discrète mais efficace. Elle ne va pas trop loin non plus, le vêtement garde sa tenue. Le maniement des zips est très agréable. J'ai trouvé la respirabilité très bonne pour un vêtement de ce calibre. J'ai eu quelques coups de chaud, mais je n'ai jamais été trempé à l'intérieur, ni même humide.

Limite de confort thermique: La Strechtdown DS est déjà un vêtement de sécurité conséquent qui permet une utilisation hivernale pour les randonneurs, les alpinistes (qui ne bivouaquent pas en paroi) et les skieurs. Je la vois plus proche de la grosse que de la mini-doudoune (avec un garnissage limité à 150 grammes). Mon test de bivouac sans sac de couchage à -5°C a été moyennement agréable, ce n'est pas à cause de la doudoune, mais parce que je n'ai pas réussi à me réchauffer les pieds avant de m'allonger pour dormir. Je comptais effectivement sur la Strechtdown DS pour générer assez de chaleur et irradier mes extrémités, mais cela n'a pas été vraiment le cas. Je pense qu'avec une paire de chaussons en duvet, ou avec des chaussures plus thermiques, cela aurait été facile tout de suite. Au bivouac, la doudoune ne fait pas tout. Au final, j'aurais tendance à penser que ce vêtement assure un confort thermique aux alentours des -5°C ; et éventuellement vers les -10°C selon les conditions de l'abri et la forme de l'utilisateur.

Compressibilité: La Stretchdown DS ne ne comprime que lentement et garde au final un certain volume dans le sac à dos. Je dirais 5 litres environ. C'est dû au nombre important de cloisons et à la dimension du tissu. C'est pour cela aussi qu'elle est utilisable en dernière couche. Une doudoune à tissu fin et à larges cloisons serait certainement plus fragile.

Prix constaté en novembre 2017: 260€

Les qualités

- Look réussi
- Tissu étirable et qui permet de grimper avec
- Thermicité compatible avec des sorties hivernales
- Respirabilité

à améliorer

- Capuche peu technique. Il existe une version sans capuche à étudier...